Geoffrey Oryema, né le 16 avril 1953 à Soroti en Ouganda et mort le 22 juin 2018 à Lorient en France, est un musicien ougandais naturalisé français, auteur-compositeur et chanteur de rock et de world music.
Il nait le 16 avril 1953 à Soroti en Ouganda mais grandit à Kampala (la capitale de l’Ouganda) où il apprend à jouer divers instruments: de la guitare, de la flûte, du lukeme (piano à pouces) et de la harpe nanga. Son père et sa mère étaient respectivement professeur d’anglais et directrice d’une compagnie de danse.
Au début des années 1970, il exprime le désir de devenir acteur, entre dans une école de théâtre, puis va créer sa propre compagnie : « Fou de Brecht, il va d’ailleurs s’inspirer des techniques chères à Stanislavski et Grotowski pour écrire des pièces avant-gardistes. Un théâtre de l’absurde griffé de sons tribaux et d’improvisations, serti d’allégories, nourri de rumeurs et d’onomatopées, dont on retrouvera les influences, plus tard, dans ses chansons », selon Frank Tenaille dans son ouvrage Le Swing du Caméléon.
À l’âge de 23 ans, Geoffrey Oryema se réfugie à Paris en 1977 pour fuir la dictature d’Amin Dada après l’assassinat politique de son père, le ministre Erinayo Wilson Oryema, en traversant la frontière avec le Kenya caché dans le coffre d’une voiture. Puis en 1989 il s’établit à Lillebonne (Seine-Maritime).
Il enregistre son premier album Exile en 1990, produit par Brian Eno, et édité par le label Real World (tout récemment créé par Peter Gabriel). Il s’accompagne pour créer sa musique de divers instruments typiquement africains, dont la kora, la nang et le lukeme, mais ne dédaigne pas non plus la guitare électrique et les instruments rock. Le guitariste français Jean-Pierre Alarcen l’accompagne longtemps, puis est rejoint par Dominique Gastrein (claviers), Patrick Buchmann (batterie, percussions, chant), Loy Ehrlich (claviers) et Nicolas Fiszman (basse). S’ensuivent de nombreux concerts à travers le monde (USA, Japon, Brésil, Europe) dans le cadre des festivals W.O.M.A.D. avec Peter Gabriel, Midnight Oil, Arrested Development. Il se produit notamment à Woodstock 94 qui célébrait les 25 ans du mythique festival.
En 1994, il s’associe avec Tonton David et Manu Katché pour former le groupe KOD, et ils composent alors la bande originale du film Un Indien dans la ville ; dont la chanson thème, Chacun sa route, connait un énorme succès et permet à Tonton David d’acquérir une plus grande notoriété. Le trio remporte en 1996 une Victoire de la musique, dans la catégorie Compositeur de musique de film.
Anglophone de naissance, il se met au français et écrit des chansons dans cette langue, enregistrant en 1996 un duo avec Alain Souchon: Bye bye lady Dame.
À partir de 2006, il est accompagné sur scène et en studio par son fils Oceng Oryema (batterie, percussions) et par Chaek Sylla (guitares, sampler, chant), remplacé en 2013 par Ali Otmane (guitare) et rejoint par Stephane Marrec (basse et contrebasse) puis remplacé par Kevin Gravier. En 2010, il part en Russie enregistrer From The Heart avec Tony Levin et Alex Swift.
Il chante en anglais, en acholi, en kiganda, en lingala et en français. Dès son premier album Exile, il connait un succès international avec Yé lé lé (générique de l’émission de France 2, Le Cercle de minuit) ou encore Land of Anaka, coécrit avec Brian Eno et dont Peter Gabriel assure les chœurs. La presse française et internationale l’a souvent dépeint comme un « Leonard Cohen africain », auquel il avait repris Suzanne, une de ses fameuses chansons.
Il s’affirme de plus en plus comme un artiste africain assumant ses influences rock, créateur et artiste à part entière et très apprécié sur la scène musicale internationale comme Lokua Kanza ou Richard Bona.
Malade, Geoffrey Oryema meurt à Lorient le 22 juin 2018, des suites d’un cancer. Ses cendres sont ensuite dispersées à Anaka, terre de ses ancêtres dans le nord de l’Ouganda qu’il évoque dans sa chanson Land of Anaka.